LA SYMPHONIE TOUJOURS AUSSI FLORISSANTE EN SA 70E ANNÉE
Telegraph Journal
G.Reid Parker
Une photographie en noir et blanc datant du 12 décembre 1950, montre une foule de gens faisant la queue sur le trottoir devant Saint John High School, les femmes en manteau de fourrure et souliers à talons, les hommes en costume et portant des chapeaux.
Cette foule a comblé la salle pour témoigner l’événement historique : la naissance de l’orchestre symphonique à Saint John, le premier orchestre de cette envergure dans notre province. Aujourd'hui, 70 ans plus tard, nous célébrons l'anniversaire du patrimoine musical qui est devenu Symphonie Nouveau-Brunswick, notre orchestre professionnel provincial.
Étant donné sa longue histoire, il est facile de tenir pour acquise la survie de l’organisation. Quoique l’idée de former un orchestre symphonique municipal ne fût pas nouvelle même en 1950, c’est tout de même un triomphe que cette vision ait enduré jusqu’à ce jour.
À cette époque, Saint John était sans doute la petite ville nord-américaine la moins susceptible de donner naissance à un orchestre symphonique. Aux prises avec des difficultés financières et le vieillissement de son infrastructure, la plupart des gens auraient dit que la ville était trop petite et trop peu sophistiquée pour ce type de bien culturel.
Mais heureusement, pas tout le monde.
Evelyn Collins, une leader communautaire charismatique, a décidé que Saint John aurait son orchestre. Grâce à son réseau local, elle a mobilisé les talents musicaux et administratifs nécessaires pour y arriver. Elle a été la première de nombreux dirigeants au cours des décennies à se mobiliser.
Ce soir-là, il y a 70 ans, alors que 47 musiciens en cravate noire montaient sur scène devant un public de plus de 1 400 personnes dans une salle comble, ils ont accompli ce qu'aucune autre ville des Maritimes, et seulement quelques collectivités canadiennes beaucoup plus grandes avaient réussi à accomplir. Ce premier concert symphonique jamais entendu par des centaines de personnes a été un succès.
« L’orchestre symphonque de Saint John a fait vibrer un grand public avec un concert exceptionnel », lit-on dans Le Times-Globe. Comme l'a clairement indiqué un éditorial du journal, il a été immédiatement adopté par la communauté, malgré le fait qu’il aurait besoin d'un soutien local pour survivre.
« Il va sans dire que la symphonie aura besoin du soutien sans réserve du public si elle veut rester active...Ceux et celles qui apprécient la musique et qui savent à quel point elle peut contribuer au développement culturel d'une ville seront prêts à contribuer à faire de l'orchestre une institution permanente. »
Cette déclaration prémonitoire est aussi valable aujourd'hui qu'elle l'était il y a 70 ans.
Symphonie Nouveau-Brunswick et les orchestres qui l'ont précédée n'auraient jamais existé et n'existeront que s'ils sont adoptés et soutenus par les Néo-Brunswickois. C'est notre orchestre, après tout.
À l'occasion de ce jalon important, c’est avec plaisir que j’annonce que notre orchestre provincial est plus vigoureux que jamais. Aujourd'hui, c'est une organisation artistique contemporaine florissante, essentielle et dynamique avec un plan solide pour aller de l'avant.
Les anniversaires nous incitent à regarder en avant et en arrière. En une année où le spectacle vivant a été pratiquement paralysé par la pandémie mondiale, et oùles organismes artistiques du Canada et, en fait, du monde entier ont été confrontés à des crises existentielles, nous avons eu amplement le temps d'envisager notre avenir. Quel est le rôle d’une organisation de musique classique dans une petite province à l'ère numérique?
De nos jours, une symphonie peut et doit être bien plus qu'une organisation des arts de la scène. C’est un moteur économique, à la fois en tant qu’employeur et en aidant à attirer des personnes et des organisations ici. C’est une source de fierté et une expression de notre identité et de notre culture.
Nous avons le privilège et la responsabilité de refléter l'époque dans laquelle nous vivons. Quoique nous aimons jouer de la musique ancienne (et nouvelle), nous ne sommes pas pour autant coincés dans le passé.En fait, nous regardons toujours autour de nous et vers l'avenir, en commandant et en exécutant des œuvres contemporaines, en fournissant une plate-forme pour les talents émergents, en représentant notre société de plus en plus diversifiée et cosmopolite, et en collaborant au sein et au-delà du genre classique.
Nos concerts hybrides, mettant en scène des artistes tels que Jeremy Dutcher, Steven Page, Matt Andersen et David Myles, sont parmi nos plus populaires. Nous collaborons régulièrement avec d'autres organismes artistiques provinciaux. Et, n’oublions pas les autres projets de nos principaux musiciens, notamment le Saint John String Quartet, Ventus Machina, un quintette à vent, et Resonance New Music, qui présente de la musique expérimentale.
Nous avons sorti notre musique de la salle de concert dans la communauté, présentant des concerts dans les foyers de soins et les bibliothèques, les parcs et les écoles. Nos musiciens se produisent devant plus de 400 étudiants au cours d'une année typique, afin qu’ils soient exposés à une forme d'art qu'ils n'auraient sans doute jamais connu autrement. En plus d'ouvrir leurs yeux, leurs oreilles et leur esprit, elle nourrit la prochaine génération de spectateurs, de musiciens et de supporters.
En bref, nous défions le vieux stéréotype de la symphonie. Et à mesure que la technologie continue à se développer et que le monde évolue de plus en plus en ligne, nous explorerons les façons de créer des expériences numériques convaincantes.
Alors, que faut-il pour honorer notre passé et garantir la pérennité de l'organisation? En tant que président de Symphonie Nouveau-Brunswick et de la Fondation Symphonie Nouveau-Brunswick, je dirais que c’est un équilibre entre la stabilité financière et l'excellence artistique.Voilà pourquoi nous avons lancé une campagne de collecte de fonds à l’occasion de notre anniversaire : afin de faire croître notre fonds de dotation en assurant un financement constant pour la prochaine génération et les 70 années à venir.
G. Reid Parker,
Président, Symphony New Brunswick and Symphony New Brunswick Foundation Inc.
Photo: New Brunswick Museum – Musée du Nouveau-Brunswick, www.nbm-mnb.ca, SJSymphonyScrapbk-pg8